mercredi, décembre 03, 2008

En période de crise, investissez dans des "daubasses".

Un petit mot sur les valeurs cotant sous leur actif net net que nous avions déjà abordé dans notre résumé du livre de Bruce Greenwald


Lors des tempêtes boursières du type de celles que nous connaissons actuellement, la volatilité devient telle que même les investisseurs « dans la valeur » éprouvent des difficultés à conserver leur flegme et leur sang froid.


Voir dégringoler de 50 ou 60 % une action dans laquelle on a investi n’est jamais agréable même si on a la conviction d’avoir payé moins cher que la valeur intrinsèque de l’action.


Face à la crise d’angoisse qui menace, nous proposons une excellente thérapie : se replonger dans les enseignements des grands maîtres et notamment notre « père » à nous les investisseurs « value » : Benjamin Graham.


Celui-ci fut professeur du célèbre Warren Buffett et aussi son ancien employeur. Il est l’auteur de deux œuvres magistrales, considérées comme la bible des investisseurs « dans la valeur » : « Security Analysis » et « The Intelligent Investor ».


Entre autres, il a établi une technique de sélection imparable : celle qui consiste à acheter des sociétés qui cotent sous leur valeur de fonds de roulement net c’est-à-dire la valeur de leurs actifs à court terme (stocks, créances, liquidités,...) moins la valeur totale des dettes. De cette manière, on obtient tous les autres actifs (terrains, constructions, installations, mobiliers, goodwill, brevets ou licences, …) gratuitement.


Quels sont les intérêts d’une pareille méthode ? Nous les voyons au nombre de 5 :


1. En investissant sur base du fonds de roulement net, on investit uniquement sur du concret et non sur des projections futures ou du « rêve ».

2. L’actif circulant est l’actif le plus liquide et le plus facilement négociable pour une entreprise.

3. Aucune transaction privée ne se ferait à des prix aussi bas.


4. Le fait de ne pas valoriser les actifs immobilisés procure une marge de sécurité.


5. En prévision d’une crise économique dont nous ne connaissons ni la durée, ni l’ampleur, le fait de se baser sur des actifs plutôt que sur des bénéfices qui peuvent être aléatoire en fonction de la croissance a quelque chose de rassurant et permet de se détacher autant que possible des tsunamis qui secouent la planète financière pour le moment et de se concentrer sur la valeur des entreprises elles-mêmes.


Il est rare de rencontrer un grand nombre de sociétés cotant si bon marché. Dans son édition de 1972 de « L’investisseur Intelligent », Benjamin Graham écrivait : « Examinons un dernier exemple sur ces opportunités en or d’antan qui n’existent plus aujourd’hui. Beaucoup de nos propres opérations de bourses se concentraient sur la recherche de bonnes affaires. Nous appelons ainsi ces titres dont les cours étaient inférieurs à leur fonds de roulement net. A l’évidence, ces titres se vendaient à un prix bien inférieur à la valeur marchande privée de l’entreprise. Aucun propriétaire ou actionnaire majoritaire de tels biens industriels ne songerait un instant à les brader aux prix reflétés par les cours. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il fut un temps où de telles anomalies n’étaient pas si rares que cela. Nous avons publié en 1957 une liste de 200 titres qui offraient de telles caractéristiques. D’une façon ou d’une autre, toutes ces bonnes occasions ont tenu leur promesse et la rentabilité annuelle que nous en avons tirée fut très supérieure à ce que nous pouvions trouver sur des formes plus courantes d’investissement. Hélas, ces occasions ont disparu en 10 ans et, avec elle, la possibilité d’investir intelligemment et à peu de risques ».


Aujourd’hui, il semble que ces opportunités disparues fassent leur réapparition même si les actions cotant sous la valeur de leur fonds de roulement net peuvent faire figure à priori de « daubasses ».


En effet, il semble évident que si une société est proposée aux investisseurs à des prix aussi attrayants, c’est qu’il y a une raison ou plutôt que Monsieur Marché (personnage maniaco dépressif cher à Benjamin Graham) y voit une raison. Il peut s’agir de sociétés en perte, ou très cycliques, ou dont le marché entrevoit des perspectives peu encourageantes.


Cependant, pour les 5 raisons évoquées ci-dessus, il nous a semblé intéressant de nous pencher sur ce type de sociétés. Certains d'entre nous ont créé un club d'investissement dont l'objet est justement d'investir dans ces "net net" et y ont dédié tout spécialement un blog : http://lesdaubasses.blogspot.com/

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